30 janvier 2007

Le vent

Mon corps attend la morsure de l'air, les grincements, la ronde folle qui me laisse hagarde, possédée des démons, des esprits décharnés, des vents écartelés au quatre cieux.

J'aime le vent du sud, chaleur, poussière, mélange de senteurs et de ces moiteurs douces qui font aimer la sieste.

J'aime le vent du nord et sa froidure, tempête et main glacée au dos des hommes. Y dansent des cristaux, épées de glace qui meurtrissent les mains et les visages.

J'aime le vent de l'est et ses tumultes, violence primitive et sauvage où courent encore les clameurs et le gémissement des longues plaines.

J'aime le vent de l'ouest et sa fraicheur salée, sa trompeuse douceur qui brise ces voiliers qui avaient cru réduire un souffle en esclavage.

Je crains les jours sereins, le calme plat, fuyant comme on peut fuir, plantée en terre, répétant en une vaine incantation, le nom de tous les vents de ma folie.

J'attends la fin des âges où de fureur des tornades de feu m'arracheront à mon socle de pierre, pour me laisser plantée en un ailleurs grotesque, vivante allégorie de bronze tourmenté.

2 commentaires:

Princesse Petit Pois a dit…

Ce texte fait partie d'un projet autour de ma ville d'origine et de ses statues (et de certains jardins). Il faudra que je reprenne le travail photographique qui allait avec, les négatifs ont souffert et je n'ai plus le même oeil.

Princesse Petit Pois a dit…

Donc j'ai oublié de préciser, cette statue s'appelle "Le vent", on peut la trouver sur l'esplanade à Montpellier, elle a une signification toute symbolique pour moi, c'est là que mon Jardinier m'a demandé en mariage.