11 octobre 2007

Cinq mille ans

Ce soir, j'ai cinq mille ans, l'humanité s'essouffle,
Dans mes veines enfermés, mille peuples oppressés
Hurlent à la liberté. Cinq mille ans de passion,
De cris, de déchirures qui font frémir ma peau
Et qui battent à mes tempes comme un fleuve qui enfle.
C'est tout mon corps qui souffre à chaque vie cassée,
Chaque peuple brisé pour soûler l'ambition
D'un homme, d'une nation versant la mort à flots.

Ce soir, j'ai cinq mille ans, l'humanité s'élance,
Dans ma chair chaque artiste a tracé sa mémoire
Et laissé son parfum. Cinq mille ans de poètes,
De rêves et de musique, d'émotion que l'on danse,
De mots pressés dans l'encre et de rêves sculptés,
Inspiration fiévreuse et passion exaltée.
Chaque couleur me touche, blessure dérisoire,
D'où sourd pourtant déjà la sève de mes fêtes.

Ce soir, j'ai cinq mille ans, l'humanité s'éclaire
Aux flammes de l'amour pulsant dans chaque veine,
Chaque tempe. Cinq mille ans de murmures, de secrets,
Ou encore de cris d'où jaillit la colère,
D'émotions si brutales qu'elle poussent encore à vivre
Quand la raison chavire que tous les sens s'enivrent.
Chaque idylle nouvelle vient dissoudre la haine
Comme l'eau de l'orage éclate en pluie de rires.

01 août 2007

Mères veillent

Mère tempête, mère merveille, mère tendresse, mère tonnerre, mère présence ou mère silence, les jours mots doux, ou les jours ciel bas, toujours est il que nous voilà mère, rien de plus irréversible que cet état là.
État de grâce ou sale état, nous l'assumons, ou pas, mais nous vivons avec cette graine là, plantée en plein coeur. Graine d'amour parfois de haine, elle donne la fibre de ce lien là, celui qui tout à la fois nous attache et nous détache. Attachées à nos vies, nos petits, nos hommes, nos familles, les nôtres, détachées parfois de leurs besoins, leurs exigences, leurs intenses besoins de tout, tout le temps, perdues que nous sommes à ne plus même entendre le chuchotis de nos propres besoins.
Mères comblées, pourtant, au delà de tout ce qui est dissible, gardant en nos entrailles, bien au delà des neuf mois de chair et de sang, toutes les vies que nous portons, juste parce que nous avons fait humanité de ces bouts de vie, et qu'ils nous ont faite mère.

13 mai 2007

Sous l'ombre

Et si l'ombre n'était que pour ligner la flamme
Le sombre pour nourrir la lumière des âmes?
Le désespoir profond pour que naisse l'espoir
Comme l'aube deplie l'épais velours du noir.

J'ai le goût du bonheur pour avoir eut la haine,
La morsure du deuil, et le voile des peines,
Je façonne mes joies du métal des chagrins
J'invente dans mes ombres l'éclat de mes matins.

Il a fallu la mort pour que je vienne au jour
Que j'en garde avant tout comme un trop plein d'amour,
Et pour aimer assez que battent ces deux coeurs
Tant que le mien palpite celui là ne se meurt.

A l'ombre de mon ombre jadis me suis tassée
Quand au gris de l'aurore l'amant m'a délaissé
Combien plus aujourd'hui je goûte les plaisirs
D'avoir pour d'autres yeux les couleurs du désir.

Toute ma peau s'ecorche sous la serre des luttes
Qui blessent jusqu'à l'âme, attisant la dispute,
Le mépris et le fiel scellent la cicatrice
De l'écoute et du don soudain elle se lisse.

15 février 2007

Couleurs

Rouge comme une bouche, un baiser passionné,
Rouge comme une fleur, coquelicot d'été,
Rouge comme le sang dans mes veines hâté,
Rouge comme la rose que tu m'avais donnée.

Bleu comme une mer d'encre, un soir d'éternité,
Bleu comme un papillon dans un champ de blé mûr,
Bleu comme un ciel de mai à l'azur presque dur,
Bleu comme la tendresse, cette douce clarté.

Feu comme un bel automne embrasant la verdure,
Feu comme ton regard que trouble le désir,
Feu comme la chaleur quand monte le plaisir,
Feu comme la jouissance, immortelle blessure.

Vert comme un lac tranquille où le soleil se mire,
Vert comme un paysage doucement valonné,
Vert comme mon regard, apaisé, étonné,
L'instant d'après l'amour, volupté qui chavire !

14 février 2007

Déchaîne-moi

Déchaîne-moi !

Apprends-moi à vivre mes choix,
Attise en moi toute insolence
Pour oublier mes indolences.

Déchaîne-moi !

Laisse-moi voir du bout des doigts
De l'autre coté de mes nuits
L'autre versant de mes folies.

Déchaîne-moi !

Aide-moi à briser mes lois,
Je veux toucher, le souffle court,
Les limites d'un autre jour.

Déchaîne-moi !

Je veux entendre dans ma voix
L'abandon de mes conventions,
Je veux t'aimer sans conditions.

Déchaîne-moi !

Fais naître sur ma peau l'émoi,
Tombe les barrières de mon corps,
Donne-moi le goût du bonheur.

Déchaîne-moi !

Glisse-moi vers un autre moi
Dans la soie de tous mes plaisirs,
Aux frontières de mes désirs.

Déchaîne-moi !

Consume en moi toutes mes soifs,
Éveille enfin mes indecences,
Pour franchir chaque jouissance.

09 février 2007

Les bruits de la vie

Avec des mots, des rires, des cris,
Des silences, ou bien des regards,
Avec la beauté d'un enfant qui rit
Tournant vers nous son visage sans fard.

Avec la musique des voix
Se mêlant en conversation,
Avec les couleurs éclatant de joie
Jetant sur tout des éclairs de passion.

Avec le vent qui ensorcelle
Les hommes qui l'ont trop écouté,
Avec la chanson des orages d'été
Marquant la terre de gouttes d'étincelle.

Avec le rythme des saisons
Guidant la vie dans l'harmonie,
Avec l'océan où le soleil fond,
Ourlant de feu le début de la nuit.

Avec les odeurs de la terre
Et la douce caresse de l'air,
Avec une eau vive tissée en cascade
Et l'étendue des longues plaines vides.

Avec la blancheur des étoiles
Volée à l'éclat de la neige,
Avec la brume qui descent comme un voile,
Au matin sur les longues plages beiges.

Et avec tout ce qui est vie
Je voudrais effacer la haine,
Et le temps d'un rêve, croire en mes envies
Et offrir l'amour qui coule en mes veines.

08 février 2007

De braise et de givre

Je suis tempête, je suis vibrante
Je suis le feu, je suis l'envie;
Mon coeur me heurte, me rend vie,
Chaque minute est plus puissante.

Je suis passion et déraison,
Je suis plaisir, je suis désir;
Ma peau se brûle de soupirs
Et se consume de frissons.

Je suis troublante, je suis troublée
Je suis aveu, je suis secret,
Regard timide ou indiscret,
Conquérante ou ensorcelée.

Je me donne et je me reprends,
Je séduis pour mieux délaisser;
Amazone, je me surprends
À des rêves dépassés.

Je suis attente, je suis sauvage,
Je suis brûlante, je suis de glace;
Scandaleuse et pourtant si sage
Je me risque dans mes audaces.

Je suis hautaine, je suis fragile,
Je suis fière et je suis soumise;
Je suis femme et puérile,
Je suis pure et compromise.

Je ne suis que chair, fièvre et sang
Et besoin brutal de vivre;
Chaque jour se vit plus ardent,
Chaque minute me rend libre.

04 février 2007

Une année de bonheur

Pour cette fleur éclose au matin,
Pour ce nuage accroché au ciel,
Pour ton sourire de sel et de miel,
Et pour cette joie sans fin,
Qui m'emerveille
Et m'aide à m'envoller.

Pour ce soleil qui brille pour toi,
Pour les cigales chantant sur les toits,
Pour le chaleur étouffant les bois
Et pour ce pays de joie
Juste frolé
Par l'ombre de nos voix.

Pour cette feuille portée par le vent,
Pour cette brume épousant les cimes,
Pour l'eau du ciel, ruisseau dans l'abîme
Et pour ces incandescents
Tourbillons jaune
Orange et rouge feu.

Pour ce manteau blanc et lumineux,
Pour la magie du feu rougeoyant,
Pour ton visage, ton sourire heureux
Et pour cette année en bleu
Finissant
Sur un regard d'enfant.

03 février 2007

Au bord de la lune

Emmène-moi au bord des rêves
De l'autre coté du miroir,
Prends ma main, juste pour un soir,
Tant que l'ombre déploit sa trève.

Les heures sont brèves et le temps court
Alors prends-moi tout contre toi,
La nuit est douce et je craint le jour,
Donne-moi le velours, la soie.

Emmène-moi au bord des rêves
M'asseoir juste au creux de la lune,
Regarder du haut de ses dunes
La planète bleue qui se lève.

Les heures sont brèves et le temps court
Alors partons plus loin encore,
Je veux sentir contre ton corps
Languir les heures de l'amour.

Emmène-moi au bord des rêves
Derrière la blancheur des étoiles,
Voir l'instant où la nuit s'achève
Juste quand leur clarté se voile.

Les heures sont brèves et le temps court
Triste est le galop des secondes,
Qu'importe, leur lugubre ronde
Ne peut me voler mon amour.

En espérance

Je voudrais un enfant, un tout petit,
Pour sentir dans mon coeur deux coeurs qui battent
Et pour chercher mes mots lorsque son père,
Posant ses mains sur moi, gauche et gentil,
Demande en souriant que je lui conte
Comment c'est de sentir qu'on devient mère.

Je voudrais un enfant, un tout petit
Voir mon ventre bouger et s'arrondir,
Et puis, sentir mon corps se fatiguer,
À porter tout au creux de moi, la vie
Et si l'on me critique, laisser dire
Que je suis peu lucide et bien trop gaie.

Je voudrais, un enfant un tout petit,
Réinventer la vie et apaiser,
Cette secrète envie, cette impatience.

31 janvier 2007

Le rire de l'eau

Elle n'est pas triste, la pluie, chaque goutte légère
Qui glisse sur ma joue attrape une étincelle,
Une étoile, comme un duvet ténu sur ma peau.
La ville lumineuse oublie son air sévère
Et ce plic ploc léger, ho joyeuse crécelle,
S'alanguit et se hâte, impossible tempo.

Elle n'est pas triste, la pluie, elle dilue la crasse
Et fait briller les rues, canaux de jais luisant,
Transportant sur leurs rives les fleurs épanouies
De parapluies ouverts, tout habillés de strass.
Et ce frisson de l'eau, au rire des passants
Lié quelques secondes déjà se désunie.

Elle n'est pas triste, la pluie, elle pare ma bouche
Bien mieux qu'un fruit d'été au jus rouge et sucré.
Quand je l'ai bien gouté, les yeux au firmament,
Dans la lueur du feu, je vais faire ma couche.
Volets fermés, par le chant de l'eau rassurée,
Je laisse aller mon corps aux baisers de l'amant.

Aveu perdu

L'as tu bien dit? J'ai cru entendre comme un souffle,
Un doux murmure presque inaudible, un chuchotis
Comme un bruit d'aile, un clapotis, l'as tu bien dit?

J'ai du rêver et m'inventer une espérance,
Je cherche en vain dans ton regard la vérité,
Une étincelle, une flamme, j'ai du rêver.

À cache cache derrière les mots, te trouverais-je,
Où n'y aura-t-il qu'un mirage, une illusion?
Je me découvre, tu te complais à cache l'âme.

Qui cherche qui? Dans le reflet de ces miroirs
Les alouettes se démasquent, se dissimulent
Et nos images se dévisagent, qui cherche qui?

Que faut-il croire? Nos amours pourtant défuntes
Ou nos toujours désabusés, ou tous ces jours
Qui virent nos coeurs enlacés, que faut-il croire?

À nos "Je t'aime", passés, présents, futurs peut être?
À tous ces mots, entendus, inventés, rêvés,
Ces aveux que j'ai cru surprendre, à nos "Je t'aime".

Rêverie

Quand le jour se lève, petite heure frileuse,
Je respire sans hâte le parfum du soleil.
Je vois toute la ville et ses maisons peureuses
Qu'éblouissent si fort les clairs rayons vermeils.

Une île de nuage s'étire comme un rêve,
Des arbres ensommeillés abritent sous leurs branches
Des hommes éblouis par la nuit qui s'achève
Et des femmes alanguies se serrant sur leur hanche.

Guidé par la lumière, mon regard s'emmerveille,
Je vois mille couleurs noyées dans un halo,
Encore embrumée mon âme est chavirée.

Pendant que je rêvais, tout en bas les autos
Qui circulent, insolentes, soudain m'ont réveillée.
S'emmêlent dans ma tête, les saveurs, les odeurs.

Celle qui...

Tu enroules à mon doigt le souffle de ta vie,
Troublante marionnette qui n'en fait qu'à sa tête,
Tu devances, indécente, mes secrètes envies
Et tu rythmes ma vie du tempo de tes fêtes.

Je n'y vois pas plus loin que le bout de ton nez,
Qui se plisse, taquine, quand tu tisse un mensonge
Pour me prendre à ta toile. Délicate araignée,
Danse sur l'écheveau plus légère qu'un songe.

Viens, douce enchanteresse, me montrer des diamants
Où nulle autre que toi ne verrait que rosée,
Ensorcelle mes heures de merveilleux serments
Lacés en arabesque, enflammés en brasier.

Tu tiens, ma funambule, dans le creux de ma main
Où tu t'endors, sereine quand la nuit s'abandonne.
Je te veille, fiévreux, pour voir au lendemain,
S'ébattre tes longs cils où les rêves frissonnent.

Oh, tranquille luciole luisant dans mes rêves,
Éclaire le chemin qui mène jusqu'à toi.
Magicienne, tu crées pour mes jours les plus sombres
Le reflet des étoiles, le frisson de la soie.

Je reste suspendue à tes lèvres rieuses
Par un long fil d'argent, plus ténu qu'un cheveu.
Ne soit pas trop cruelle, oh amie mystérieuse
Et garde pour parure sur ce fil mes aveux.

Brisure

J'ai froissé d'autres draps depuis notre brisure
Et mêlé ma sueur à bien d'autres moiteurs,
J'ai allumé mes yeux à bien des impostures,
Apaisé mes terreurs contre d'autres douceurs.

Meurtrie par d'autres mains, j'ai appelé les tiennes
Et leur danse impudique sur ma peau enfièvrée
Mais ce ne sont jamais tes mots qui me retiennent
Quand au bleu de l'aurore je veux me délivrer.

J'ai consumé mon coeur au feu d'autres passions
Et noyé mes angoisses au fond d'autres regards,
J'ai malgré moi versé vers d'autres tentations
Pour tenter d'effacer le jour de ton départ.

Dans d'autres lits mon corps a chaviré sans toi
Et ma peau a brulé sous bien d'autres caresses,
J'ai crié mes plaisirs, murmuré mes émois
Mais la braise jamais n'efface la tendresse.

J'ai soufflé d'autres noms, aux matins d'autres nuits,
Eveillée dans des bras qui n'étaient pas les tiens
Mais dans mon souvenir une lumière luit,
Etoile d'araignée me gardant en ses liens.

Je reste la captive des désirs de mon âme :
Ces rêves impudiques que tes lèvres ont scéllé,
Nul autre ne saura faire naitre le charme
Que tu avais créé pour mieux m'ensorceler.


30 janvier 2007

L'asile

Comme il était cinglant, ce grand vent, vent des fous
Qui soulait les arbres étourdissant leur feuillage
Et ravissait les simples, animant leurs yeux doux,
L'espoir vissé en eux de voir les fées sans âge.

Comme il était troublant leur incessant murmure,
Ces courageux rêveurs de mondes édéniques,
Ensanglantés à trop cogner contre les murs,
Provoqués par le souffle d'une bise satanique.

Et comme ils étaient las, le jour d'après l'orage,
Braves pantins de cire, privés d'exaltation
Et de l'envie primale d'hurler avec les loups.

Le triomphe éclaire, d'avoir fuit leur prison,
Leurs poudreuses faces, faméliques visages
Et oseront les sages les traiter de fous.

L'ombre de la nuit

Lontemps, je me suis couchée de bonne heure,
Me laissant murer par le temps qui fuit,
Longtemps, j'ai laissé passer le bonheur,
Belle au bois rêvant, éternelle nuit.

J'ai ouvert le yeux un matin d'hiver
Sur ma vie glacée dans son quotidien,
Je ne peux refaire la route à l'envers :
Le temps qui a fuit jamais ne revient.

Je veux dans mes veines, le feu, la passion
Et les heures blanches des matins volés,
Je veux oublier jusqu'à la raison :
Elle a étiolé mon âme exaltée.

Je me donnerai des années de fête,
Des instants magiques volés à la mort.
Je savourerai jusqu'à mes défaites
S'il me faut frémir au goût du remord.

Je veux sentir, lasse, mes lèvres givrées
Par le lent frisson de mes nuits frivoles,
Je veux me griser aux lueurs cuivrées,
Aux odeurs bleutées, fumées qui m'envolent.

Je m'eveillerai à l'aurore en feu,
Le regard brulé par mes souvenirs.
Dans ma tête en fièvre, l'éclat de mes jeux :
L'écho du bonheur nait de mes plaisirs.

Le vent

Mon corps attend la morsure de l'air, les grincements, la ronde folle qui me laisse hagarde, possédée des démons, des esprits décharnés, des vents écartelés au quatre cieux.

J'aime le vent du sud, chaleur, poussière, mélange de senteurs et de ces moiteurs douces qui font aimer la sieste.

J'aime le vent du nord et sa froidure, tempête et main glacée au dos des hommes. Y dansent des cristaux, épées de glace qui meurtrissent les mains et les visages.

J'aime le vent de l'est et ses tumultes, violence primitive et sauvage où courent encore les clameurs et le gémissement des longues plaines.

J'aime le vent de l'ouest et sa fraicheur salée, sa trompeuse douceur qui brise ces voiliers qui avaient cru réduire un souffle en esclavage.

Je crains les jours sereins, le calme plat, fuyant comme on peut fuir, plantée en terre, répétant en une vaine incantation, le nom de tous les vents de ma folie.

J'attends la fin des âges où de fureur des tornades de feu m'arracheront à mon socle de pierre, pour me laisser plantée en un ailleurs grotesque, vivante allégorie de bronze tourmenté.

Troublant écritoire

Au clair de ma brune, je me tiens tremblant
Contre ses douceurs, sa peau papier blanc.
Oh tendre voisine, laisse moi écrire
Sur l'arc de tes hanches, les mots du désir.

Ma plume est volage, qui déjà m'échappe
Au long de ton dos, furtifs pas de loup,
Les lignes qu'elle trace s'enroulent en écharpe
Puis guident mes lèvres au doux de ton cou.
 
Au clair de ma brune dans le parfum bleu
De sa chevelure, je viens m'apaiser.
Ho tendre voisine, laissons nous griser,
Le feu de nos corps m'a laissé frileux.
 
Au cœur de ma plume dormiront les rêves,
Son encre est trop sombre pour les dessiner.
Belle Colombine, peux-tu deviner
Les mots que j'esquisse, que mes doigts achèvent?
 
Au clair de ma brune au regard saphir,
Quand le jour frémit, je m'endormirai
Bercé par un souffle, soupir du zéphyr,
Caressant les courbes où j'aime à errer.
 
À midi ma plume jouera sans détours
Sur mon écritoire, aux jeux de l'amour
Et son encrier se ressourcera
Au sang de tes tempes qui l’enivrera.

En lassitude

Et longues les journées, sur les amours rompues
Et lasses les nuits blanches sur les amours décues,
La tristesse sans fin qui coule à mes oreilles
Résonne dans mon coeur, par ces heures de veille.

Et vaines les journées ou les heures se traînent
Et tourmentées les nuits où les secondes peinent,
Le temps, ce criminel, passe comme un voleur
Et cent fois et sans fin ravive ma douleur.

Et combien passeront de ces mornes soleils
Et combien de ces nuits aux aubes sans sommeil,
Qu'elles sont monotones, ces saisons, ces années
Qui défilent sans trève dans ma vie ravinée.

Et ainsi le temps tasse et ainsi le temps casse
Mes rèves, mes espoirs et ma gaïté d'antan.
Le bonheur fit, hélas, un passage fugace
Dans mon coeur ou frissonne l'écho de ce printemps.

Quand la nuit tombe

Le soir est tombé comme un charme
Sur les nuits bleues de mes désirs,
Ton regard sur moi me désarme,
Doux prélude à mes soupirs.

J'ai ta main douce sur ma main,
J'ai ton coeur brulant prés du mien,
Tu sens mon corps contre le tien
Et ma main au doux de tes reins.

L'heure est tendre et le ciel complice
A éteint toutes ses lumières,
Doucement, les ombres qui glissent
Font tomber toutes mes barrières.

Prisonnière de tous les sens
Mais libérée par tes caresses,
Je m'abandonne dans le silence
Aux plaisirs qui naissent et renaissent.

Nos corps se fondent et s'emmêlent,
Nos regards se cherchent et se noient,
Dans tes bras, je deviens celle
Qui se donne et qui te reçoit.

Insaisissable

Reviens encore, ma scandaleuse,
Poser ta nuit entre mes bras,
Roulée en chat au creux des draps,
Quand tes heures deviendront frileuses.

Bouscule mon sommeil, trouble mon indulgence,
Cerne mes yeux du bleu de ton regard troublance.

Viens me conter, mon infidèle,
Tes inconstances, tes dérobades,
Laisse brûler cette étincelle,
Souvenir de tes escapades.

Bouscule mon sommeil, trouble mon indulgence,
Cerne mes yeux du bleu de ton regard troublance.

Embrase mes heure de veille,
Au feu de ta douce violence,
Quand à l'orée de ton éveil
Crient les démons de ton absence

Bouscule mon sommeil, trouble mon indulgence,
Cerne mes yeux du bleu de ton regard troublance.

Donne-toi, mon inconstante,
Quand les regrets froissent ton âme,
Renverse toutes mes attentes
Sous l'amère pluie de tes larmes.

24 janvier 2007

Ondée

ll fait un peu froid, il pleut juste assez
Et j'ai enfilé pull sur un autre,
J'ai tracé du doigt des lettres enlacées
Là, sur la buée qui voile la vitre.


Contre le carreau, je frissonne un peu
Le regard noyé dans le gris du ciel,
La lumière est douce, mon cœur est au bleu
Dans l'air sucré flotte un parfum de miel.

Les heures s'écoulent lentes et sereines
Au rythme des gouttes qui glissent, tranquilles,
Les fleurs courbées penchent, leurs coroles pleines
En laissant couler l'eau de pluie qui file.

Lasse, fatiguée, j'ai abandonné
Ma tête appuyée sur la vitre en larmes,
Ma joue a reçu le baiser donné
Par le gris du ciel, indicible charme.

Les lèvres posées contre le carreau
Je rends le baiser reçu par ma joue,
Sa saveur mouillée tout contre ma peau
En mouillant mes lèvres maquille ma moue.